Beaucoup de Français l’ignorent, mais prendre en charge financièrement ses parents lorsqu’ils sont dans le besoin est une obligation légale qui découle de l’article 205 du Code Civil. Avec l’allongement de la durée de vie, de plus en plus de Français se retrouvent obligés de payer pour les vieux jours de leurs parents. Nourriture, logement, frais médicaux, les sommes peuvent être importantes et les exceptions sont particulièrement rares.

Delphine vient ainsi d’apprendre qu’elle allait devoir payer pour la maison de retraite de sa mère alors qu’elle a rompu avec cette femme il y a plus de 15 ans. Cette puéricultrice de 35 ans est remontée : “Je n’ai pas envie de sacrifier nos rêves pour quelqu’un qui n’a jamais jamais été là pour moi”. Elle a décidé de se rapprocher d’un collectif pour tenter de faire changer cette loi qu’elle trouve injuste.

Pascale n’avait plus de nouvelles de son père jusqu’à ce qu’elle soit sommée de financer son ehpad. “On me replonge dans le passé, regrette-t-elle. Mais je n’ai pas besoin de ça aujourd’hui. J’ai besoin de penser à l’avenir.” Elle va devoir se battre devant un juge pour échapper à cette obligation.

Myriam, pour sa part, n’a pas attendu que la justice lui demande de prendre en charge les vieux jours de sa mère. Un geste naturel pour elle. Mais alors que la charge s’alourdit, elle va devoir solliciter d’autres membres de sa famille. Querelles, procédures en justice, ces affaires peuvent durer des années et renvoient parfois les enfants devenus adultes, comme Colette, à des moments qu’ils voudraient oublier : “La dernière fois que j’ai vu ma mère j’avais 16 ans et je vais en avoir 70. Elle m’avait dit au revoir comme si elle allait revenir dans un mois, mais je ne l’ai plus jamais revue. Pour moi c’est un abandon.”

Récit d’histoires de famille, lorsque les rôles s’inversent, et que les enfants doivent, de gré ou de force, prendre en charge financièrement leurs parents.